Selon la CNIL, certains radars du gouvernement sont carrément hors la loi

Leur crime ? Porter atteinte à nos vies privées en ne protégeant pas assez certaines informations personnelles.

Scandale à la sécurité routière. L’automatisation des contrôles par radars fixes, qui rend nos routes plus sûres en refrénant les chauffards, présente une faille de sécurité. En effet, comme toutes les « big data », les informations enregistrées par les machines – immatriculation, date et lieu du passage, etc – doivent suivre des règles définies par un arrêté de 2004. Or la CNIL (Commission nationale informatique et libertés) vient de tirer la sonnette d’alarme en dénonçant qu’un type de radar ne respectait pas ces obligations légales : les « radars tronçons ».

Deux photos, zéro coupable. Ces appareils ne se déclenchent pas uniquement quand vous avez franchi la ligne rouge en faisant un excès de vitesse ou en franchissant une ligne interdite, mais systématiquement. Ils contrôlent votre vitesse moyenne en photographiant votre plaque deux fois, au début et à la fin d’une portion de route. Si la moyenne dépasse la vitesse limite, c’est que vous avez accéléré entre les deux radars et vous écoperez logiquement d’un PV. Mais si vous n’avez rien fait d’illégal, les infos sont tout de même enregistrées. Et c’est tout le problème.

Pas sécurisé. Ces photos et données sensibles sont gardées trop longtemps par le ministère de l’Intérieur et pas assez protégées. Elles sont donc vulnérables aux éventuelles attaques de pirates. La CNIL constate que les numéros de plaque d’immatriculation « sont conservés plus de treize mois pour les numéros complets, et plus de quatre ans pour les numéros tronqués de deux caractères » alors que l’arrêté fixe un délai maximal « de vingt-quatre heures » rappelle-t-elle. La CNIL reproche la négligence du stockage de ces données, en particulier le « manque de robustesse des mots de passe » et la « traçabilité insatisfaisante des accès » notamment… pour la commission elle-même.

La CNIL laisse trois mois au ministère de l’Intérieur pour régulariser ces failles après quoi elle réclamera des sanctions. Pas dit que le gouvernement s’en occupe car ces radars tronçons sont assez rares : une centaine sur les milliers de radars de l’Hexagone. Ils seront plus probablement remplacés tôt ou tard par des radars tourelles. Avec les mouvements sociaux, il y a fort à parier que la vague de démontages – qui n’a pas baissé depuis des mois – permettra ce remplacement avant la fin de l’hiver.