Lancé au mois de mai 2019, Qwant Causes ferme ses portes après moins d’un an de service . Cette fonctionnalité permettait à tout utilisateur du moteur de recherche français de pouvoir contribuer à une cause, en acceptant de voir apparaitre quelques publicités supplémentaires. La raison de cet arrêt ? Un usage insuffisant.
À peine 2 000 € collectés par mois
En octobre 2019, Qwant révélait les premiers chiffres de son outil : entre le 14 mai et le 30 juin, près de 28 000 euros avaient été reversés à différentes associations. Marie Juyaux, DGA de la société et porteuse du projet Causes nous avait même déclaré être « assez satisfaites pour un premier mois » . Pourtant, 10 mois plus tard, à l’annonce de la fermeture de Qwant Causes, un message dévoile une somme totale de 48 878 € reversées à un total de 956 associations . Rapportés au nombre de mois écoulés après le premier bilan, les dons récolés dépassent à peine 2 000 € par mois, contre 28 000 € pour les 45 premiers jours .
Qwant a-t-il surévalué ses chiffres ? La sursollicitation publicitaire engendrée par l’outil a-t-elle eu raison de l’altruisme des utilisateurs ? La fonctionnalité a-t-elle été coupée plus tôt, ou masquée aux utilisateurs ? Difficile à dire, mais sur le groupe Facebook du moteur de recherche, quelques utilisateurs s’attristent déjà de sa disparition. D’autres ne cachent pas leur mécontentement à l’égard de la décision de couper Qwant Causes. D’autres pointent du doigt un produit pas totalement fini. Le choix de l’association effectué par l’utilisateur n’était conservé d’un mois à l’autre.
En gros, si je comprend bien, selon Qwant, il vaut mieux donner 0€ plutôt que quelques euros, parce que quelques euros c’est pas assez. Pourtant, je pense qu’il vaut mieux donner peu que pas du tout. Parce que 1 fois 1000 ça fait 1000. En revanche 0 fois 0 ça fera toujours 0.
(…) j’ai aussi été déçu de ce système que je n’hésitais pas à mettre en avant. Bien dommage…
La fin de Qwant Causes pour un retour à l’essentiel ?
Côté Qwant, cette fermeture est justifiée. « L’impact du service et l’intérêt que lui porte le public n’est hélas pas suffisant pour justifier un maintien. Nous préférons être utiles par d’autres moyens, et nous concentrons nos ressources là où elles auront le maximum d’impact pour la défense de nos valeurs et des intérêts des internautes, » peut-on lire dans une réponse sur le groupe Facebook, et sur la page dédiée à Causes.
Avec le soutien de la Fondation de France et HelloAsso, Qwant Causes avait indexé presque 10 000 structures . Un investissement, même bénévole, qui part en fumée, avec ceux réalisés en interne par l’entreprise. Néanmoins, ses arguments sont recevables. Quels coûts représente la fonctionnalité pour les dons récoltés ? De plus, à vouloir lancer trop de services (pour être un Google français et respectueux de données ?), trop rapidement, le moteur de recherche s’est peut-être éloigné de l’essentiel. Essentiel placé au coeur de la nouvelle stratégie opérée par Jean-Claude Ghinozzi, poursuivant les travaux d’Éric Léandri. Cet essentiel ? La monétisation et la rentabilité , comme nous l’avait rappelé le nouveau PDG de Qwant.
Ainsi, malgré la déception des quelques utilisateurs de Qwant Causes, s’il coûtait plus d’argent qu’il n’en rapportait, une décision devait être prise. Reste maintenant à savoir, si dans quelques années, Qwant aura son cimetière de produits abandonnées, comme c’est le cas pour Google.