La Russie tout entière va se déconnecter de l’Internet mondial demain afin de procéder à un test qui pourrait donner lieu, au long terme, à un Internet interne au pays. Mais pourquoi faire ?
Cela fait plusieurs mois que la Russie prévoit de se déconnecter d’Internet, un positionnement tranché qui peut sembler étonnant quand il est appliqué à l’échelle d’un pays tout entier. Mais alors, pourquoi faire un tel choix ?
Dans un article sur le sujet, D-Russia indique : « Lundi, le gouvernement a approuvé la disposition sur la conduite d’exercices pour assurer le fonctionnement stable, sûr et holistique de l’Internet et des réseaux de communication publics dans la Fédération de Russie ».
À long terme, ce test pourrait mener la Russie à créer un réseau interne au pays et coupé du reste du monde. Pour ce dernier, une cyberguerre a laquelle il sera lié pourrait avoir lieu dans les années à venir, ce qui justifie le fait de vouloir disposer d’un Internet totalement fermé. Baptisé RuNet, ce nouveau système viserait donc à protéger le pays de potentielles cyberattaques. Officiellement.
Pour Samuel Bendett, expert russe du Conseil américain de politique étrangère, il s’agit aussi de réduire la dépendance de la Russie aux systèmes occidentaux. Il explique que celle-ci comprend « les technologies de pointe importées/étrangères et les vulnérabilités perçues par la Russie dans l’utilisation de ces technologies ».
Avec un Internet fermé, des risques de dérives totalitaires en Russie ? (Spoiler : oui)
Sauf que le contrôle que la Russie exercerait si elle mettait RuNet sur pied ne risque pas d’être sans risque. Officiellement, il s’agit d’éviter les cyberattaques, mais officieusement, il est certain que le pays pourra avoir la main mise sur le contenu qui circule sur Internet dans le pays.
Pour l’association à but non lucratif Freedom House, la Russie a obtenu la note de 67 sur 100 (en 2018) en termes de liberté sur le Net, 0 représentant les pays les plus libres et 100 les moins libres. Selon l’organisation, le pays n’est pas libre, principalement en ce qui concerne les violations des droits des utilisateurs.
Le rapport évoque le blocage de plusieurs applications et sites web dans le pays, dont la messagerie Telegram. Les autorités ont aussi cherché à restreindre l’anonymat en ligne en adoptant une loi qui exige que les plateformes relient les internautes à des renseignements personnels.
En comparaison, la Chine a eu la pire note avec un score de 88 sur 100 en 2018. On peut donc imaginer facilement que la mise en place d’un réseau fermé en Russie mènera à des dérives similaires à celles qui ont aujourd’hui lieu au sein de l’empire du Milieu.
Pour l’instant, nous savons que le test commencera demain, mais l’heure de début et la période à laquelle il se terminera ne sont pas encore connues.