Elle aurait aidé à retrouver Ben Laden, à faire tomber l’escroc Madoff… et à faire élire Donald Trump. Uniquement grâce à l’exploitation et à l’analyse des données informatiques. Depuis quinze ans, la mystérieuse start-up américaine Palantir séduit services de police et de renseignement (dont la DGSI). Le Télégramme a pisté sa très discrète et controversée présence en France.
Le nom même de la start-up, emprunté à l’œuvre de l’écrivain JRR Tolkien, ne pouvait qu’entretenir le mystère entourant ses activités. Comme la « pierre de vision » du Seigneur des Anneaux, Palantir promet de « tout voir et de tout savoir »… Un cadeau pour des services de police et de renseignement qui rêvent de prévenir (voire prédire, comme dans le film Minority Report) délits, crimes et attentats. Un cauchemar pour tous les défenseurs des libertés publiques. Les liens de la société avec la CIA, qui a participé, via son fonds d’investissement In-Q-Tel, à son financement et à sa création, ont fait le reste (elle figure toujours à son capital mais n’est plus cliente de ses services).
« Avec Palantir, la France a effacé quinze ans de retard (NDLR : la CIA a déployé sa première intelligence artificielle en 1983) et s’est acheté le travail de ses 1 500 ingénieurs, avec les mises à jour qui vont avec », analyse une source proche du dossier.
« Oui la CIA utilise Palantir. Comme elle utilise aussi probablement Windows j’ai envie de dire ! Est-ce qu’on peut pour autant dire que Windows a permis de trouver Ben Laden ?, pointe Archibald.
Palantir, c’est la Rolls mondiale du Big Data. Ses logiciels sont capables de brasser, mouliner et croiser des téraoctets de données qui n’ont rien à voir entre elles. L’ogre Palantir avale et digère tout : courriels, documents Word, Excell, PDF, notes manuscrites, photos, vidéos, documents sonores, articles de presse, réservations de compagnies aériennes, publications sur les réseaux sociaux, géolocalisations, rapports, PV d’audition, données électroniques, comptes bancaires, immatriculations de véhicules, adresses physiques et électroniques (…).
Palantir permet, pour un service de renseignement, d’accéder instantanément à toutes les infos compilées sur une personne fichée : numéro de compte bancaire, famille, amis, véhicules identifiés, événements particuliers, contacts appelés et appelants,… « Et peut-être le fameux rapport écrit il y a quinze ou vingt ans auquel personne n’aurait pensé et qui mentionne un lien déterminant pour votre enquête », ajoute Archibald.