À l’aube de l’ère d’Internet et jusqu’à la fin des années 1990, ce sont les logiciels propriétaires (ou à code source fermé) qui avaient le vent en poupe, notamment, au travers de figures de proue comme Microsoft avec sa famille de systèmes d’exploitation Windows et sa suite d’applications bureautiques Office. En fait, la firme était comme en guerre avec le mouvement open source (logiciels à code source consultable par tous) né dans les années 80 de celui du logiciel libre lancé par Richard Stallman. Guerre déclarée ou pas, en 2011, un responsable de Microsoft France a fait une sortie pour souligner que l’entreprise n’est plus en guerre contre l’open source ou contre ses principes. Depuis, l’entreprise a multiplié les initiatives qui corroborent avec cette sortie. Retour sur quelques cas de figure de l’année 2019 pour Microsoft et pour d’autres géants de la technologie qui se sont ouverts un peu plus à l’open source (quand ils ne l’ont pas embrassé pour la première fois)…
- Acquisition de Red Hat par IBM
IBM, la multinationale américaine présente dans différents secteurs technologiques, a marqué la surprise en annonçant le démarrage des procédures pour l’acquisition de Red Hat, l’éditeur de solutions open source et distributeur du système GNU/Linux, pour un montant de 33,4 milliards de dollars ; on était alors rendus au quatrième trimestre de l’année 2018. Cette acquisition était de loin la plus grande transaction jamais réalisée par IBM et la troisième dans l’histoire de la technologie américaine. À l’exclusion de la fusion entre AOL et Time Warner, les seules transactions les plus importantes avaient été la fusion entre Dell et EMC en 2016 (coût de 67 milliards de dollars) et l’acquisition du fournisseur de composants optiques SDL en 2000 par SDL pour un montant de 41 milliards de dollars. En juillet 2019, IBM finalise l’acquisition de Red Hat et rassure sur l’indépendance de sa nouvelle entreprise fille. La première entreprise Linux au monde est désormais dans le giron d’un gros du Fortune 500.
- Les systèmes dans le nuage s’appuient sur l’open source
On était à mi-parcours de l’année 2017 lorsque l’International Data Corporation (IDC) annonçait que les dépenses liées aux services de cloud public vont atteindre 266 milliards de dollars en 2021, soit le double du volume de 2017. La firme Gartner pour sa part s’attend à une croissance des services de cloud public de 17 % en 2020, ce qui devra porter le marché à 266,4 milliards dollars. En sus, elle prédit que la moitié des entreprises mondiales vont passer au cloud en 2021.
Dans la filière cloud, c’est le système d’exploitation Microsoft Server de la firme de Redmond qui régnait en maître jusqu’à ce que les annonces de la montée en puissance de Linux ne mettent à fuser. En 2017, Linux était déjà exécuté sur 40 % des machines virtuelles Azure – une nette hausse par rapport à l’année précédente où les statistiques faisaient état du tiers. Depuis septembre 2018, Linux a mis fin au règne écrasant de Windows Server dans la filière.
- Microsoft plus que jamais engagé dans l’open source
En 2019, Microsoft a abandonné son navigateur Edge propriétaire pour une nouvelle version open source basée sur Chromium. Les premières builds officielles de celui-ci sont disponibles depuis le mois de juin 2019. En septembre 2019, la nouvelle de la disponibilité future d’un client lourd Microsoft Teams pour Linux a filtré. Depuis le mois de décembre 2019, une préversion publique est disponible.
Microsoft multiplie les surprises à l’endroit des développeurs Linux ces dernières années . Ces dernières incluent l’ajout du shell Bash à Windows, celui d’OpenSSH natif à Windows 10 ou encore l’inclusion de distributions Linux à sa boutique d’applications. En 2019, la firme de Redmond est même allée plus loin en livrant un noyau Linux complet directement sous Windows 10, ce, en guise d’amélioration du sous-système Windows dédié à Linux.
En 2010, Linus Torvalds déclarait que « le jour où Microsoft développera des applications pour Linux, cela voudra dire que j’aurai gagné. » Il y a donc là comme un air de victoire de Linux. Seulement, y a-t-il de quoi conclure pour ce qui est du mouvement open source en général ?