Les dessous crasseux du greenwashing d'Amazon

Ses annonces relatives aux énergies vertes et à la neutralité carbone sont l’arbre qui cache la forêt de puits de pétrole.

En septembre, le PDG d’Amazon Jeff Bezos promettait fièrement dans un communiqué que son entreprise allait utiliser 100% d’énergies renouvelables d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2040. Il annonçait pour cela la commande de 100.000 vans de livraison totalement électriques.

Début décembre, Amazon tenait à Las Vegas une conférence appelée re:Invent et dédiée à AWS, sa branche de service cloud. Pendant la conférence, plusieurs membres de la clientèle de l’entreprise sont montés sur scène afin de vanter les prouesses du cloud d’Amazon.

Parmi eux, Stewart Fry, le vice-président de la compagnie pétrolière BP, est venu annoncer que son entreprise allait fermer ses centres de données européens afin de faire migrer toutes leurs données vers les centres d’AWS.

Une telle alliance peut sembler contraire aux engagements écolos d’Amazon, mais BP affirme au contraire que ce partenariat est bon pour la planète, puisque ses infrastructures déménagent ainsi dans des centres de données alimentés par de l’énergie propre. Au même moment, BP a en effet annoncé avoir conclu un marché pour fournir aux centres d’AWS 170 mégawatts d’énergie solaire et éolienne par an.

Augmentation des rendements
Seulement, il est difficile de croire que l’alimentation de quelques centres de données en énergie verte puisse compenser une augmentation de la productivité de puits à pétrole. D’autant que l’association avec BP n’est pas un cas isolé.

AWS courtise activement les compagnies pétrolières pour qu’elles migrent vers ses services. L’entreprise dispose d’une section entière de son site internet destinée à leur vanter les prouesses du cloud made in Amazon.

La firme promet ainsi «d’optimiser la production et le rendement» en permettant d’effectuer certains calculs plus rapidement, «d’identifier des réservoirs potentiels plus rapidement» et d’«améliorer la planification sur le terrain».

En plus de BP, Shell et GE Oil and Gas, la division pétrolière de General Electric, produisent davantage, plus rapidement et pour moins cher grâce à AWS. Le cabinet de consulting Rystad Energy estimait récemment que l’industrie pétrolière pourrait économiser 100 milliards de dollars en dix ans en automatisant et numérisant ses activités –précisément ce qu’offre AWS à sa clientèle.

Amazon n’est pas la seule entreprise de cloud à courir derrière les pétrodollars. En septembre, Azure, concurrent d’AWS et propriété de Microsoft annonçait un deal avec le pétrolier géant Chevron afin de l’aider, entre autres, à trouver de nouveaux gisements.

Dans le même temps, Jeff Bezos provoquait un nouveau scandale généralisé en promettant, grand seigneur, la somme de un million de dollars australiens [620.000 euros environ] pour aider l’Australie à se remettre des incendies qui la ravagent –et risquent d’accélérer le réchauffement climatique. Pour mémoire, l’homme dispute à Bill Gates la place du plus riche du monde, avec une fortune estimée par Forbes à 103 milliards de dollars.