De 242 satellites, Elon Musk aimerait étendre son cheptel de satellites à 42 000 dans les dix prochaines années. Peu armés contre les attaques informatiques, ces satellites piratés pourraient se révéler très dangereux, alerte le doctorant et économiste William Akoto dans The Conversation US.
Avec 242 satellites lancés dans l’espace - et le projet d’en lancer 42 000 supplémentaires au cours de la prochaine décennie, SpaceX est devenu l’opérateur le plus important de satellites actifs au monde. Disposés à une altitude relativement basse - 550 km - pour une efficacité plus grande, ces mini-satellites sont pensés pour fournir une connexion Internet à haut débit pour tous. Une ambition louable, mais contestée : les astronomes craignent que les observations d’étoiles soient perturbées par les trains lumineux de ces satellites. Cette pollution lumineuse, qui gêne le travail des astronomes, a même poussé en février dernier trois astronomes italiens à envisager une action en justice. Un autre problème a été soulevé par l’économiste et chercheur doctorant William Akoto dans The Conversation US : ces satellites pourraient être détournés très facilement à des mauvaises fins par des hackers. Elles pourraient être transformées en armes. Qui dit nouveau territoire connecté, dit effectivement, nouveau territoire « piratable ».
« Ces nouveaux satellites ont le potentiel de révolutionner bien des aspects du quotidien, écrit l’universitaire, comme permettre un accès à Internet dans les régions les plus reculées (…) mais on a oublié un danger : ces satellites commerciaux ne sont pas soumis à des normes de cybersécurité ». Ces mini-satellites sont pour beaucoup des CubeSats et reposent sur des technologies peu chères, certains des composants utilisent de l’open source. Les objets sont à priori donc accessibles pour tout pirate qui souhaite s’instruire de leur fonctionnement, et donc de leurs points faibles. Et les conséquences pourraient être terribles, alerte le doctorant. Un scénario simple, mais efficace : les pirates pourraient désactiver les satellites, et donc « éteindre » Internet dans des zones entières, « créant des ravages pour certaines infrastructures cruciales, telles que les réseaux électriques, de distribution d’eau et de transports ». René Barjavel, auteur de Ravage, n’aurait pas renié ce scénario : dans le livre, il décrit comment un pays privé d’électricité, en l’espace de quelques jours, vit l’apocalypse.
En 1998, des pirates ont pris le contrôle du ROSAT X-Ray(…) Ils avaient alors commandé au satellite de diriger ses panneaux solaires vers le soleil, grillant littéralement les batteries de l’appareil
En outre, pointe William Akoto, certains de ces satellites sont dotés de propulseurs - « ils peuvent donc accélérer leur course, ralentir ou changer de direction ». Si des pirates réussissent à les détourner, ces satellites pourraient altérer la course d’autres satellites… ou les détruire, en les heurtant de plein fouet. « Même l’ISS [pourrait être touchée] », s’alarme-t-il. En 1998, déjà, des pirates ont pris le contrôle d’un satellite germano-américain, le ROSAT X-Ray, en infiltrant les réseaux du Goddard Space Flight Center dans le Maryland, aux États-Unis. Ils avaient alors commandé au satellite de diriger ses panneaux solaires vers le soleil, grillant littéralement les batteries de l’appareil. Ce n’est que 13 ans plus tard que le satellite s’est écrasé sur Terre. En ces temps de course à l’Internet de l’espace - la fusée Soyouz a mis en orbite un premier lot de 34 satellites OneWeb, le 6 février dernier - ces perspectives de piratage ne rassurent pas vraiment. À quand des normes de cybersécurité pour l’Internet de l’espace ?