Accepter le non consentement quant à l’utilisation des services des GAFA, choisir le bon service de messagerie, se méfier des méta données ; le fugitif américain réfugié à Moscou s’exprime. De quoi en tirer quelques enseignements.
Les GAFA ? Une plaie pour les internautes juge Edward Snowden, réfugié en Russie. Pourquoi ? Parce que « ces entreprises fonctionnent comme des bras armés des gouvernements » mentionne le fugitif lors d’une interview diffusée ce matin sur France Inter.
Une plaie aussi parce que les Google et autres Apple, s’ils « ont du succès aujourd’hui, c’est qu’on n’a pas d’alternative ». Même quand on fait l’effort de se passer des services des GAFA, ou d’autres services de stockage suspects comme Dropbox.
Edward Snowden assure par exemple ne pas avoir de compte GMail. Mais Google en connait pourtant beaucoup sur lui. « Google a la plus grande partie de mes courriels parce que vous, vous avez un compte GMail, et donc Google a une copie de tous les courriels que je vous ai envoyés » dit-il.
« Il faut des réglementations, de structures techniques concurrentielles, prendre conscience que ces compagnies, même si elles possèdent des archives, ne sont pas propriétaires de ces données, qui appartiennent aux gens. Et les gens auront toujours un droit fondamental sur ces données » préconise t-il.
Accepter le non consentement
« La bonne réaction, c’est de faire attention, de reconnaitre que si vous devez utiliser Google, Facebook, toutes ces technologies qui travaillent contre vous, ce n’est pas par choix, que vous n’exprimez pas un consentement éclairé, même si vous cliquez sur le bouton « je suis d’accord », celui sur lequel vous devez cliquer pour vous inscrire à un service ».
« Ce sont des documents de 600 pages, personne ne peut les lire, personne ne les lit jamais. Et eux, ils peuvent changer ce document. Donc tout ceci n’est pas un consentement : c’est une excuse ».
Quels services de messagerie utiliser ?
« En France, le Premier ministre (Edouard Philippe) utilise WhatsApp pour discuter avec ses ministre ».
« Et le président de la République utilise Telegram pour discuter avec ses collaborateurs ».
« N’importe lequel de ces deux programmes vaut mieux que des SMS. Mais ces deux systèmes, si vous êtes Premier ministre, sont très risqués ! »
« N’utilisez pas WhatsApp ou Telegram, à moins de ne pas avoir d’alternative. Vous devriez plutôt utiliser la messagerie Signal ou l’application Wire. Elles sont disponibles gratuitement. »
XKeyscore, alimenté par les données fournies par les GAFA
Edward Snowden est également revenu sur le fonctionnement du programme XKeyscore de la NSA, décrit comme une sorte de moteur de recherche sur les personnes. Un programme qu’il a contribuer à mettre sur pied quand il travaillait pour la NSA.
« XKeyscore ne récolte pas de l’information : c’est un Google pour espions, tout un lot de programmes, de liaisons de la communauté de la recherche et de l’espionnage, entre les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et le Canada ». Toutes les informations recueillie par ces pays y sont consultables.
Se méfier des méta données
« Je suis assis à mon bureau, je vois absolument tout ce que vous écrivez, tous les sites que vous tentez de visiter sur Internet ». Et de prévenir que si les communications sont chiffrées, les agences de renseignement peuvent quand même voir des informations sur chacun d’entre nous. « On peut voir les gens avec qui vous êtes liés, à quelle heure vous vous réveillez. Ce que l’on peut voir en permanence, à n’importe quel moment, c’est l’image globale de l’activité humaine ».
« Et on peut faire marche arrière comme avec une machine à remonter le temps, à mon époque on pouvait remonter 30 jours de l’histoire humaine. Aujourd’hui, six ans après mon départ, on peut certainement remonter beaucoup plus loin. »