En janvier dernier, la Free Software Foundation (FSF) – une organisation portée sur la promotion du logiciel libre et la défense des utilisateurs – a initié un mouvement plutôt surprenant en lançant une pétition pour demander à la firme de Redmond d’ouvrir le code source de son système d’exploitation Windows 7. Comme l’a souligné la FSF, en dépit de ses nombreux défauts, Windows 7 ne devrait pas être envoyé aux oubliettes et la récente initiative de l’organisation doit permettre de recycler un OS qui n’est officiellement plus pris en charge par son éditeur.
Récemment, la FSF a pris la liberté d’envoyer à Microsoft un cadeau assez spécial à Redmond pour la Saint-Valentin : un disque dur vide accompagné de sa pétition ayant réuni non pas 7777, mais 13 635 signatures pour demander la publication du code source de Windows 7. Commentant son geste et la procédure accélérée qu’elle suggère à Redmond pour faciliter l’open sourcing de Windows 7, la FSF a déclaré : « C’est tout ce qu’il faut pour copier le code source, lui attribuer une mention de licence et nous le renvoyer par courrier. En tant qu’auteurs de la licence de logiciel gratuit la plus populaire au monde [GNU GPL ou simplement GPL], nous sommes prêts à leur apporter toute l’aide possible. Il leur suffit de demander ».
En agissant de la sorte, la FSF dit vouloir obliger Microsoft à faire étalage de ses sentiments vrais et de ses intentions sincères envers la communauté open source, la firme de Redmond affirmant depuis quelques années dans ses divers slogans qu’elle aime le monde du logiciel libre (Microsoft aime Linux par exemple) et partage plusieurs valeurs de ce monde.
« Nous voulons qu’ils montrent exactement l’amour qu’ils ont pour les logiciels “open source” qu’ils mentionnent dans leur publicité. S’ils aiment vraiment le logiciel libre - et nous sommes prêts à leur accorder le bénéfice du doute - ils ont la possibilité de le prouver au monde. Nous espérons qu’ils ne se contentent pas de capitaliser sur le modèle de développement du logiciel libre de la manière la plus superficielle et la plus exploitante possible : en l’utilisant comme un outil de marketing pour nous faire croire qu’ils se soucient de notre liberté », a déclaré la FSF.
Même si Windows 7 a autrefois été la cible de vives critiques de la part de l’organisation (la FSF ayant recommandé à l’époque à un très grand nombre d’entreprises d’opter pour les logiciels libres comme GNU ou Linux et d’abandonner Windows à cause des soi-disant dangers que Windows 7 représentait pour la sécurité, la liberté et la vie privée de ses utilisateurs), cette dernière estime désormais que l’ouverture du code source de Windows 7 devrait également permettre de corriger les éléments qu’elle considère comme des erreurs du passé.
À l’attention d’éventuels détracteurs de son initiative, la Free Software Foundation rappelle que l’un de ses objectifs est de rendre tous les logiciels libres, y compris les systèmes d’exploitation, précisant que « Tant qu’il en restera des [logiciels] propriétaires, nous nous efforcerons toujours de les rendre libres ».
« Donnez-le à la communauté pour qu’elle l’étudie, le modifie et le partage », écrit la Free Software Foundation qui ajoute que « Microsoft n’a rien à perdre en ouvrant le code source d’une version de son système d’exploitation dont lui-même dit qu’elle est arrivée en fin de vie ».
« Beaucoup de choses ont changé depuis la campagne controversée “Windows 7 Sins” de la FSF en 2009, qui montrait des images de Windows jetées à la poubelle. Cette fois-ci, partageons une image qui encourage Microsoft à faire ce qu’il faut », a conclu l’organisation.
Il faut tout de même signaler que Microsoft donne déjà accès au code source de Windows 7 sous certaines conditions via son programme Enterprise Source Licensing (ESL). Mais comme vous devez vous en douter, il faut obligatoirement être un client suffisamment important (avec au moins 10 000 installations) pour bénéficier de cette largesse. Microsoft permet également aux gouvernements de contrôler le code et aurait des collaborations avec le personnel académique sur des projets privés.
Windows Seven était et reste encore un produit commercial qui a demandé des millions de dollars en termes d’investissement, recherche, développement… Et ce n’est pas parce que Microsoft ne soutient plus activement ce système d’exploitation – qui est loin d’être obsolète – qu’il doit forcément céder à n’importe qui une copie gratuite du code source. Bien évidemment, la demande de la FSF est louable et ce serait un geste fort apprécié que de voir Redmond désacraliser Seven. Toutefois, la FSF semble un peu trop brutale dans la manière de formuler ses exigences qu’on pourrait interpréter comme suit : « soit vous nous donnez votre code source, soit nous vous torturons en rappelant l’engagement que vous prétendez avoir envers la communauté du logiciel libre, jusqu’à ce que vous changiez d’avis ».