Ceux qui ont fait un tour sur le site de la Free Software Foundation (FSF) à partir du 23 janvier de l’année en cours ont dû remarquer la pétition qui y est lancée. Elle fait suite à l’annonce de la fin du support de Windows 7 par Microsoft et, justement, s’adresse au géant du logiciel.
En effet, c’est terminé pour ce qui est de la prise en charge de Windows 7 depuis le 14 janvier dernier. Microsoft a procédé à la publication des derniers correctifs pour ce système d’exploitation à l’occasion du récent Patch Tuesday. La manœuvre marque l’abandon de l’OS à moins que, comme l’Allemagne, l’on soit prêt à débourser de l’argent pour bénéficier d’un support étendu.
Au fait des développements en cours, la Free Software Foundation le souligne à nouveau : « C’est terminé pour la prise en charge de Windows 7 par Microsoft. » Toutefois, l’organisation portée sur la promotion du logiciel libre et la défense des utilisateurs insiste : « Mais ce système d’exploitation ne doit pas mourir », toute chose qui l’amène à lancer une pétition pour demander à la firme de Redmond d’ouvrir le code source de Windows 7 .
« Nous demandons que Windows 7 soit publié en tant que logiciel libre. Ce système d’exploitation n’a pas à mourir. Donnez-le à la communauté pour qu’elle l’étudie, le modifie et le partage », écrit la Free Software Foundation qui ajoute que « Microsoft n’a rien à perdre en ouvrant le code source d’une version de son système d’exploitation dont lui-même dit qu’elle est arrivée en fin de vie. »
L’ouverture du code source de Windows 7 par Microsoft devrait permettre de « recycler » le système d’exploitation (pour reprendre le vocabulaire de la FSF) sur plusieurs axes sur lesquels la Fondation du logiciel libre l’a critiqué il y a plusieurs années. En 2009 en effet, la FSF a adressé un message anti-Windows à près de 500 des entreprises les plus importantes de l’époque pour les interpeller contre les dangers que Windows 7 incarnait contre la sécurité, la liberté et la vie privée de ses utilisateurs (entreprises ou particuliers). Sans détour, la lettre invitait lesdites sociétés à passer à l’utilisation de logiciels libres (comme GNU ou Linux) et à abandonner Windows. La Fondation du logiciel libre était allée plus loin en attaquant Microsoft autour du chiffre sept (par allusion aux 7 péchés capitaux). Les 7 péchés capitaux de Microsoft d’après la FSF sont consultables ici. La FSF est d’avis qu’une ouverture du code source de Windows 7 devrait permettre de corriger les éléments de cette liste qu’elle considère comme des erreurs du passé .
À l’aube de l’ère d’Internet et jusqu’à la fin des années 1990, ce sont les logiciels propriétaires (ou à code source fermé) qui avaient le vent en poupe, notamment, au travers de figures de proue comme Microsoft avec sa famille de systèmes d’exploitation Windows et sa suite d’applications bureautiques Office. En fait, la firme était comme en guerre avec le mouvement open source (logiciels à code source consultable par tous) né dans les années 80 de celui du logiciel libre lancé par Richard Stallman. Guerre déclarée ou pas, en 2011, un responsable de Microsoft France a fait une sortie pour souligner que l’entreprise n’est plus en guerre contre l’open source ou contre ses principes. Depuis, elle a multiplié les initiatives qui corroborent avec cette sortie.
En 2019, Microsoft a abandonné son navigateur propriétaire Edge pour une nouvelle version open source basée sur Chromium. Les premières builds officielles de celui-ci sont disponibles depuis le mois de juin 2019. En septembre 2019, la nouvelle de la disponibilité future d’un client lourd Microsoft Teams pour Linux a filtré. Depuis le mois de décembre 2019, une préversion publique est disponible.
Microsoft multiplie les surprises à l’endroit des développeurs Linux ces dernières années . Ces dernières incluent l’ajout du shell Bash à Windows, celui d’OpenSSH natif à Windows 10 ou encore l’inclusion de distributions Linux à sa boutique d’applications. En 2019, la firme de Redmond est même allée plus loin en livrant un noyau Linux complet directement sous Windows 10, ce, en guise d’amélioration du sous-système Windows dédié à Linux.
Depuis que Satya Nadella est à la tête de l’entreprise, le géant de Redmond a radicalement changé de stratégie. On peut étendre la liste des actions qui marquent le rapprochement Microsoft – open source avec : l’ouverture du code du framework .net, l’ouverture de Visual Studio aux applications universelles et au développement pour Android, etc.
À la question de savoir si « Microsoft pourrait rendre Windows open source » Marc Russinovich (directeur technique d’Azure) a, en 2015, répondu que « c’est certainement possible puisque l’entreprise n’est plus la même aujourd’hui comparé à ce qu’elle était il y a quelques années » avant d’ajouter (pour appuyer son argumentaire) que « si vous regardez une dizaine d’années dans le passé, vous trouverez une version académique de Windows, destinée à l’apprentissage, et dont le code était ouvert aux académiciens et aux étudiants. »
La Free Software Foundation appelle 7777 soutiens à signer la pétition pour envoyer un message fort à Microsoft. À date, on dénombre 1270 signataires.