Vers la fin de l’année 2003, la CIA avait exposé une collection d’objets top-secret déclassifiés dans son musée situé près de Washington, dont l’accès est interdit au public. Parmi ces gadgets, figure un « insectothoptère », un drone de surveillance en forme de libellule, conçu dans les années 70, à l’époque de la guerre froide.
D’après les premières informations publiées en juillet 2012 par l’agence de renseignement, ce micro-robot a été fabriqué par un horloger afin de transporter un dispositif d’écoute miniature. Il disposait d’un oscillateur fluidique miniature qui propulse les ailes. Un gaz propulseur fait fonctionner l’oscillateur et fournit une poussée supplémentaire à l’« insectothoptère ». Ce dernier porte un faisceau laser qui a servi de guide et de liaison de données pour la charge utile du capteur audio. Ayant une portée de 200 mètres et une durée de vol de 60 secondes pour un poids de lancement de seulement 1 gramme, le drone n’a pas pu devenir opérationnel à cause de la difficulté à le contrôler, même dans un léger vent de travers.
Mais de nombreux détails sur le micro-robot sont restés secrets. En 2013, John Greenwald, fondateur du site The Black Vault, a alors envoyé une demande de documents en vertu de la Freedom of Information Act (FOIA). Et il a reçu les documents sept ans plus tard, en janvier 2020.
Le drone était construit pendant la guerre froide, quand l’écoute était un outil d’espionnage puissant. Auparavant, la CIA avait tenté de placer un microphone sur un chat, mais ce fut un échec. L’agence a alors changé d’idée et a chargé Charles Adkins de superviser la construction de l’insectothoptère, qui pourrait passer inaperçu. « Les mesures de performance indiquent des capacités de portée et d’endurance de 200 mètres et 60 secondes avec la propulsion à réaction et le battement cosmétique des ailes pour un poids de lancement de 1,0 gramme », a alors indiqué Charles Adkins.
« Des caractéristiques satisfaisantes de stabilité et de contrôle ont été déterminées analytiquement et démontrées expérimentalement lors d’essais en soufflerie et en vol libre », a-t-il ajouté. Pour guider le micro-robot, les scientifiques de la CIA ont opté pour une unité laser portable nommée ROME, également utilisée pour les rétroréflecteurs, qui captent les sons.
« Bien que les tests en vol aient été impressionnants, le contrôle dans tout type de vent de travers était trop difficile (…) la démonstration ultime d’un vol motorisé contrôlé n’a pas encore été réalisée », reconnaît le responsable du projet.
De plus, la CIA n’ayant jamais eu recours à l’« insectothoptère » dans ses missions, le projet, qui a coûté 140 000 dollars à l’époque, a alors été abandonné.
Au fil du temps, d’autres projets ont également vu le jour. Depuis 2005, des scientifiques de l’université de Delft se sont notamment penchés sur ce type d’appareil. Ils ont alors réussi à fabriquer le Delfly Micro, ayant une envergure de 10 centimètres environ, pesant seulement trois grammes, pouvant voler pendant trois minutes et étant capable de relayer des images provenant d’une caméra vidéo.
En 2017, les chercheurs du laboratoire Charles Stark Draper ont par exemple équipé une vraie libellule de composants lui permettant d’être commandée à distance.
Et en 2018, Animal Dynamics, une société dérivée du département de zoologie de l’université d’Oxford, a présenté le Skeeter, doté de quatre ailes et pouvant gérer « des conditions de vent de rafales élevées avec une plus grande tolérance et endurance que les équivalents quadcopter existants », revendique son concepteur.