SwissCovid est considéré comme un «modèle» dans le monde des applications de traçage. Certes, mais un modèle qui peine à prendre son envol. L’application est disponible en téléchargement depuis la fin du mois de juin, mais seulement 1’200’000 utilisateurs l’ont activée. Adrienne Fichter, politologue et journaliste à Republik, spécialisée dans le domaine de la technologie et de la démocratie, livre ses explications.
Ce contenu a été publié le 07 août 2020 - 14:4707 août 2020 - 14:47
swissinfo.ch: L’app SwissCovid est-elle un flop?
Adrienne Fichter: Non. Nous avons une application disponible en téléchargement qui fonctionne. Ce n’est que dans deux à trois ans que l’on pourra déterminer s’il s’agit ou non d’un flop.
Beaucoup de gens ne téléchargent pas l’application par principe. Dans les sondages, ces personnes déclarent qu’elles ne veulent pas être surveillées. Pourtant, contrairement à Facebook ou WhatsApp, l’application SwissCovid ne peut pratiquement pas accéder aux données. Comment expliquez-vous le comportement des Suisses?
C’est l’un des plus grands mystères. C’est peut-être parce que la santé est une question sensible. Je ne sais pas contre qui est dirigée cette aversion: contre l’État ou contre Google et Apple? L’État lui-même ne pourra pas consulter ces données.
Je pense que la Confédération devrait communiquer de manière plus énergique pour dire que toutes les autres applications que nous utilisons collectent beaucoup plus de données que SwissCovid. Le modèle d’app suisse est celui qui stocke le moins de données de tous.
En outre, le traçage des contacts, qui se fait hors ligne, constitue une atteinte bien plus grave à la sphère privée que le téléchargement d’identités pseudonymisées et cryptées sur un serveur.
Y a-t-il quelque chose qui justifie le refus de télécharger l’application?
De mon point de vue, rien. Je ne comprends pas du tout l’argument de la surveillance. Ce que je peux comprendre, c’est que des gens pensent que l’application n’apporte rien, parce qu’elle est imprécise. On sait, par exemple, que Bluetooth enregistre parfois les contacts comme des rencontres épidémiologiques, bien qu’aucun contact étroit n’ait eu lieu. Des recherches ont montré qu’il pouvait y avoir pléthore de messages, même s’il n’y avait aucun danger.
Ceux qui passent les frontières critiquent le fait qu’il n’est pas possible d’activer deux applications de traçage simultanément. À quoi est-ce dû?
Il est par principe prévu qu’une seule application de traçage puisse être active. Les applications des pays européens, à l’exception de la France, peuvent déjà communiquer entre elles via un serveur passerelle au Luxembourg. Mais la Suisse est exclue de ce système, car il n’existe pas d’accord-cadre. J’espère qu’elle trouvera une solution avec l’Union européenne.
Qu’est-ce qui est mieux dans l’app suisse que dans les autres?
Avec le protocole DP-3T, la Suisse a posé les bases de la manière dont ce genre d’application devrait fonctionner. Avec son système décentralisé, c’est un standard très respectueux des citoyens et économe en données. Ce standard ne peut fonctionner que pour enregistrer les rencontres. La Suisse a fixé les règles de fonctionnement d’une application Covid. La plupart des pays se sont tournés vers ce modèle.
Un référendum a été lancé contre les applications de traçage. Qu’en pensez-vous?
Si toutes les applications étaient basées sur un modèle centralisé, je comprendrais un référendum. L’Office fédéral de la santé publique saurait alors où j’ai été infectée et par qui, et les données seraient stockées. Mais ce n’est pas possible avec le système actuel.
Je ne fais donc pas grand cas du référendum, d’autant plus que Google et Apple ont désormais aussi dissipé les derniers doutes et rendu leur interface publique.
20% des gens ne peuvent pas télécharger l’app, parce que leur appareil est trop vieux. Pourquoi cela n’a-t-il pas été pris en compte?
Google et Apple m’ont dit que la pénétration des appareils modernes était très élevée en Suisse. Mais apparemment, ce n’est pas le cas.
La solution serait probablement de passer aux bracelets si l’appareil mobile n’est pas assez moderne. La question est ici de savoir qui payerait pour ça.
JEAN-PAUL LAVILLE
09 août 2020 - 18:26
Bon, perso je suis informaticien et je développe des applications pour mobiles.Je comprends donc assez bien le fonctionnement et c’est peut-être mal expliqué.Une vidéo de vulgarisation serait bienvenue à mon avis.Donc, il n’est pris en compte que le contact à moins de 1.50 mètres pendant plus de 15 minutes comme contamination possible.En aucun cas quiconque sait ou vous vous trouvez.Quand aux personnes elles sont identifiés par une clé unique, mais impossible de savoir à qui elle correspond, juste de savoir à quel appareil elle est lié.Après, d’un point de vue technique il y a pas mal de problème, le signal bluetooth est très instable et peut fiable, mais malheureusement il existe pas d’autres alternatives.Des droits supplémentaires mais non utilisé ensuite dans l’application peuvent être demandés, mais c’est la faute de Google et Apple, pas des développeurs.De même que les anciens smartphones ne sont pas pris à cause d’eux.Je me méfierais plus de ce que eux font de mes données (Facebook et donc Whatsapp sont bien pires, ils peuvent même vous écouter n’importe quand).
ZULMA GOMEZ
09 août 2020 - 08:39
Pour moi le problème de l’application c’est la haute consommation de la batterie de mon téléphone
KILLIAN PONT
08 août 2020 - 06:26
Madame Fichter semble totalement acquise à SwissCovid et tente de nos la « vendre ». Mais en temps que politologue, elle pourrait prendre en compte un obstacle psychologique assez simple il me semble: beaucoup de personnes ne supportent tout simplement pas l’idée d’un traçage de la part de l’Etat. Peu importe les garanties données et les raisons invoquées, l’Etat et sa cohorte de fonctionnaires n’ont pas à savoir, de quelle que manière et motif que ce soit, où je me trouve. Et, à force de taper sur Apple et Google à coup de lois, soi disant pour nous protéger (alors que nous sommes peut-être assez grands pour choisir d’utiliser leurs services ou non, sans l’autorisation des fonctionnaires fédéraux), c’est un juste retour d’ascenseur pour un Etat qui nous a fichés dans un passé pas si lointain. Toutes les privations de liberté partent de bonnes intentions au départ, et finissent dans une dérive autoritaire « pour notre bien ». Nous sommes dans une période liberticide extrême, et les politologues et s’étonnent de ce type de résistance ?
STEVE ROECK
07 août 2020 - 20:25
Un fiasco fédéral informatique, un de . L’application ne fonctionne que sur quelques smartphone
07 août 2020 - 15:19
c’est un flop non à cause du peu de téléchargements, mais parce que son efficacité n’est pas démontrable . Personne ne sait combien de notifications sont envoyées ni combien de personnes suivent les recommandations, combien de personnes positives enregistrent leurs codes … etc …totalement ridicule !