Nouveau venu sur le marché médiatique romand, Kola Audio a la particularité de reposer sur un modèle économique uniquement basé sur les podcasts dits “natifs”.
Jusqu’ici en Suisse romande, les médias qui produisaient du podcast (Le Temps, Femina, la RTS ou Le Matin par exemple), le faisaient “au second plan”, c’est-à-dire en adossant ces productions audio à un média classique: radio, TV, plateforme web ou journal.
Kola Audio, nouvel acteur dans le monde médiatique romand, a décidé de jouer le jeu jusqu’au bout et de faire des podcasts son unique offre. Pas de texte ni de vidéos, sauf pour la promotion.
A la tête de cette jeune entreprise, on trouve deux hommes: Nasrat Latif, ancien rédacteur en chef de “La Télé” Vaud-Fribourg et Keyvan Hosseini. Pour le reste, pas de salariés, mais des journalistes, producteurs et graphistes rémunérés aux mandats.
Un modèle économique novateur
Quatre séries sur les six annoncées pour son lancement sont déjà disponibles sur les plateformes d’écoute classiques comme Apple podcast, Google podcast, Spotify, ou encore Deezer. “A demain” donne la parole à des personnes en fin de vie, “Pile Poil” parle de calvitie, “La Suisse, l’Europe et moi” aborde les relations bilatérales avec l’Union européenne et “Million Dollar Baby” questionne des personnalités romandes sur leur rapport à l’argent.
Afin de financer ces contenus, Kola Audio s’est tourné vers des partenaires en lien direct avec certaines thématiques abordées. Ainsi “Pile Poil” est réalisé avec un barbier vaudois et une clinique de chirurgie esthétique implantée en Suisse romande. “La Suisse, l’Europe et moi” est produite avec EconomieSuisse et un futur podcast sur la bière a été réalisé en partenariat avec un distributeur de breuvages houblonnés actif en dans la région et habitué des actions coups de poing.
Journalisme ou publicité?
Jouer sur la frontière entre journalisme et publicité ne pose-t-il pas un problème de déontologie? Interrogé par la RTS, Nasrat Latif estime qu’il n’y a aucun problème avec ce nouveau genre de financement puisque tout est transparent et clairement indiqué. Ce modèle économique fait d’autant plus sens, selon lui, lorsque le partenaire a une légitimité et un lien avec la thématique.
Très à l’aise sur le sujet, complètement décomplexé (de son propre aveu), le journaliste souligne qu’un cadre est posé avec le partenaire commercial et qu’ensuite le journaliste est libre d’évoluer au sein de ce cadre. L’argent ainsi récolté permet aussi de financer d’autres projets, par exemple un futur podcast sur la résilience.
Le podcast, un marché déjà saturé
Le podcast est un produit très séduisant et alléchant. Les annonceurs y voient un moyen intimiste de séduire leurs clients et les producteurs de contenus apprécient des moyens de production moins lourds que ceux de la vidéo et une distribution qui passe par des partenaires tiers qui mettent leurs infrastructures à disposition.
Mais il y a ce constat: aujourd’hui tout le monde veut faire son podcast. Les marques, les médias et les quidams. On se trouve face à une surabondance de contenus et à une certaine difficulté à être visible.
Kola Audio, qui vise la francophonie, devra donc tout faire pour que ses podcasts soient repérés dans un marché déjà saturé.
Un sujet d’Antoine Droux