https://korii.slate.fr/tech/algorithmes-droit-oubli-donnees-personnelles
Il n’existe encore aucun dispositif pour demander aux algorithmes de sortir nos données personnelles de leur mémoire.
–Mais alors, comment parvenez-vous à soutenir un business model où les utilisateurs ne paient pas pour le service?
–Sénateur… nous mettons des pubs.
Le 11 avril 2018, au beau milieu d’une audition devant un panel d’élu·es américain·es, Mark Zuckerberg ne peut pas s’empêcher de sourire de la question –et, forcément, de la naïveté apparente de sa propre réponse. Car les plateformes de services dématérialisés, GAFAM en tête, sont un peu plus que les JCDecaux du web.
Si afficher des pubs leur rapporte beaucoup d’argent, c’est parce qu’elles promettent aux annonceurs qu’elles seront toujours parfaitement placées. Comment? Grâce à la collecte et l’analyse des données de leurs utilisateurs, qui leur permettent de définir chaque individu et groupe d’individus avec une grande précision.
Facebook vous remercie au passage d’avoir si bien labellisé vos photos Instagram avec des hashtags, ça lui a permis de développer le meilleur système de reconnaissance d’images au monde. Des algorithmes qui automatisent… la collecte massive de données.
le «droit à l’oubli».
Il permet à chaque citoyen·ne de demander à Google (et aux autres moteurs de recherche, mais Google détient 90% de parts de marché européen…), via un formulaire, d’être déréférencé·e des résultats de recherche. Et ça marche… à peu près. Depuis 2014, selon le «Transparency Report» de Google, l’entreprise a répondu favorablement à près d’une demande sur deux (48,5% des URL supprimées en France entre 2014 et 2018).
Pourtant, explique Wired, une génération entière a grandi dans ce capitalisme de la surveillance, où la différence entre internet et la vraie vie n’a plus de sens. Cette génération lâche de l’information personnelle à chaque seconde dans une société dédiée à sa captation et sa monétisation. Tout sera conservé, analysé, prêt à ressortir à la moindre occasion, si jamais une école, une compagnie d’assurance ou une banque en fait la demande. La donnée ne périme jamais.
Et à l’autre bout du spectre, quid des données personnelles après notre mort?
En l’état, argue l’article, nous léguons par défaut notre identité numérique à des sociétés privées, qui sont libres de la conserver indéfiniment. En l’état, nous laissons quelques entreprises amasser et centraliser des montagnes d’informations sensibles, sans demander aucune contrepartie. En l’état, nous laissons s’approcher, amorphes et sourds aux avertissements, un cataclysme en matière de cybersécurité.
Pour les enfants, les morts et tous ceux entre les deux qui souhaitent un peu plus de gouvernance sur les bases de données, la société civile doit donc forcer celles et ceux qui conçoivent les intelligences artificielles (IA), ces mémoires parfaites au stockage infini, à leur apprendre l’oubli.