Comme la plupart des réseaux sociaux, le géant d’internet propose la possibilité à ses utilisateurs de télécharger leurs archives personnelles. Un voyage souvent vertigineux.
Je dois aimer me faire du mal. Au printemps 2018, j’ai téléchargé l’ensemble des données envoyées à Facebook depuis mon inscription sur le réseau social, en 2007. Ce que j’y ai découvert m’avait donné le tournis : des coordonnées téléphoniques de proches, des souvenirs amoureux plus ou moins heureux, ou encore un historique assez détaillé de mes déplacements à travers le monde grâce aux métadonnées contenues dans mes photos.
Avec le printemps, m’est venue l’envie de m’attaquer à un plus gros morceau encore : Google. Cette fois, j’ai l’impression de descendre nu dans la fosse aux lions, tant je suis conscient d’avoir depuis treize ans confié au géant du web une masse gigantesque d’informations à mon sujet. La simple énumération des services de Google que j’utilise au quotidien me laisse craindre le pire : mon adresse électronique personnelle est sur Gmail depuis la fin de la présidence de Jacques Chirac, je stocke de nombreux documents sur Drive depuis 2007, je note mes rendez-vous sur Agenda depuis 2008, je navigue sur le web avec Chrome depuis 2010, je possède un téléphone qui fonctionne sous Android depuis 2012, et celui-ci synchronise mon répertoire avec Contacts et envoie automatiquement tous mes clichés vers Google Photos. Sans oublier, bien sûr, mes dizaines de requêtes quotidiennes sur le moteur de recherche et sur le service de cartographie Google Maps. Gloups.
La trace de presque tous mes déplacements
En poursuivant mon exploration, Google m’explique ne pas avoir réussi à récupérer dans mes archives l’« historique des positions ». Je lève un sourcil : je me souviens de l’avoir déjà consulté par le passé, et même de l’avoir volontairement laissé activé tant le résultat m’avait captivé. Je me rends illico sur la rubrique « Vos trajets » de l’application Google Maps pour en avoir le cœur net. Bingo ! Depuis cinq ans, tous les déplacements effectués lorsque la connexion internet de mon téléphone était activée ont été consignés sur une carte du monde. Un outil « Calendrier » me permet même de les retrouver jour après jour, précisément minutés.
Je ressors de cette exploration numérique avec des sentiments mitigés : si la plupart des informations présentes dans mon archive ne m’ont pas surpris, l’existence de certaines, comme les enregistrements de ma voix et de celles de mes proches, m’a sidéré. D’autant plus que je me considérais – sans doute naïvement – comme relativement sensibilisé à la question de la protection des données. Il est heureusement assez facile de reprendre la main sur ces informations, notamment via la rubrique « Mon activité », créée en 2016. Mieux encore, depuis quelques semaines, il est possible d’automatiser une suppression régulière de certaines de ces données dans cette rubrique.