Données, c’est données, reprendre, c’est voler

Les informations que l’on donne, vend et échange à notre propos ne nous appartiennent plus. Est-ce iconoclaste, dans un monde mû par la panique, de laisser des grandes sociétés nous connaître, parfois mieux que nous-mêmes?

C’est un aveu. Si je suis parfois sceptique quant aux règles de protection des données, je ne crois pas que leur propriété nous revienne après les avoir livrées. J’y suis même opposé. A l’ère des cookies, je ne me sens pas détenteur des informations que vous avez reçues à mon sujet. Ce que je vous ai transmis, mes goûts, mes opinions, ne m’appartiennent pas. Ou plus. Avant l’époque barbare de la numérisation, cette question n’intéressait pas grand monde. Et la réponse était évidente. On n’est pas le propriétaire de ses données. Comme on perd la propriété de tout ce que l’on abandonne à des tiers.

En réalité, la protection des données a toujours été l’exception. Pas la règle. Le secret professionnel se réduit à quelques métiers sensibles. Les avocats, les médecins, les curés. Les banquiers. Des personnes à qui l’on se confie nécessairement au-delà du raisonnable. Et dont on attend une vraie discrétion. Après, si vous déballez votre vie à Noël, au bar d’à côté ou sur internet, au vu et au su de tous, ne réclamez pas encore des chartes de confidentialité. Et encore moins un article constitutionnel.