Document original: World of Ends, de Doc Searls et David Weinberger (Traduction Collaborative) le 21/03/03
Traduit en français par Christophe Ducamp et Jamisa
Il y a erreur et erreur.
De certaines de nos erreurs on apprend. Par exemple : penser que vendre des jouets pour chiens sur le Web va nous rendre riches. On ne nous y reprendra plus.
Et il y a des erreurs qu’on s’obstine à faire et à refaire. Comme par exemple, le fait de penser que :
… le Web, ou la télévision, est un moyen de nous maintenir les yeux ouverts pendant que des annonceurs nous bombardent de messages publicitaires.
… le Net est un espace où les opérateurs des télécoms et du câble devraient ajouter des filtres, des contrôles et d’autres “améliorations” du même acabit
… il n’est pas bon que les utilisateurs puissent communiquer entre les différents systèmes de messageries instantanées du Net.
… le Net pâtit d’un manque de régulation destiné à protéger les industries qui se sentent menacées par lui.
En parlant du Net, beaucoup d’entre nous ont souffert du syndrome perseverare diabolicum est. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les journaux et les magazines, la télévision par câble, l’industrie du disque, l’industrie du cinéma et l’industrie des télécoms, pour n’en citer que six.
Etant donnée l’influence gigantesque de ces industries auprès de Washington, le Syndrôme “perseverace diabolucum est” affecte aussi les juristes, les régulateurs et même les tribunaux. L’année dernière une nouvelle industrie prometteuse, la Radio sur Internet, a été étouffée dans son berceau. Elle menaçait d’offrir aux auditeurs un choix infiniment plus riche que tout ce qu’offrent les radios FM et GO de plus en plus pré-fromattées musicalement (et à l’âge de pierre techniquement). Les armes, les munitions et le traditionnel “Haro” ont été fournis par l’industrie du disque et le Digital Millennium Copyright Act, celui-là même qui incarne toutes les craintes des dinosaures d’Hollywood quand ils ont fait pression pour faire passer la loi au Congrès en 1998.
“Internet considère la censure comme une avarie et la contourne” dit la phrase célèbre de John Gilmore. Et c’est vrai. A long terme, la Radio Internet sera un succès. Les systèmes de messageries instantanées communiqueront entre eux. Les sociétés autistes devront évoluer ou disparaître. Les lois idiotes seront abrogées ou remplacées. Mais comme le dit justement John Mayard Keynes : “A long terme, nous sommes tous morts”.
Tout ce que qu’il faut faire, c’est de s’intéresser à ce qu’est réellement l’Internet. Ce n’est pas compliqué. Pas besoin d’être Einstein pour comprendre le Net. N’importe quel collégien peut le comprendre, tout bien considéré. Nous pouvons faire cesser la tragédie du “perserverare diabolicum est” à notre échelle et faire l’économie de quelques milliers de milliards d’euros que coûtent les décisions stupides – si nous pouvons juste nous rappeler un principe tout simple : le Net est un monde de bouts. Vous êtes à l’un de ces bouts et tous les autres, tout le reste, sont à d’autres bouts.
Bien sûr, c’est plein de bons sentiments d’affirmer que chacun a de la valeur sur internet, etc… Mais c’est la pierre angulaire sur laquelle est bâtie l’architecture technique du Net. Et la valeur de l’internet dépend de son architecture technique.
Heureusement la véritable nature de l’internet n’est pas difficile à comprendre. Au fond, seulement quelques affirmations séparent le syndrôme “perserverare diabolicum est” de l’Illumination…