Cambridge Analytica : Brittany Kaiser enfonce un peu plus Facebook

L’ancienne employée de Cambridge Analytica ne veut rien lâcher.

Depuis le 2 janvier 2020, un mystérieux compte Twitter du nom de @HindsightFiles révèle au fil des jours les rouages du scandale Cambridge Analytica. Nous savons désormais que Brittany Kaiser se cache derrière ce compte. Elle a récemment publié plusieurs e-mails qui accablent Facebook dans l’affaire qui a compromis les données d’au moins 87 millions d’utilisateurs.

Brittany Kaiser dévoile de nouvelles preuves de l’implication de Facebook
Lorsque Mark Zuckerberg avait été auditionné par les autorités américaines, il avait déclaré que : “les équipes de Cambridge Analytica nous ont toujours dit qu’elles ne garderaient pas les données personnelles de nos utilisateurs et qu’elles supprimaient celles qu’elles récoltaient. Nous avons donc considéré qu’il n’y avait pas de risque. Nous n’aurions pas dû les croire sur parole. Ce n’est que par la suite que nous avons mis en place un processus de vérification pour nous assurer que les données seraient supprimées”.

De plus, le directeur technique de Facebook, Mike Schroepfer, ajoutait que : “fin 2015, lorsque nous avons appris que Kogan avait partagé de nombreuses données, nous avons immédiatement banni l’outil de personnalité utilisé pour récolter des données de notre plateforme. Nous avons également exigé la suppression de toutes les données récoltées par Kogan et réclamés un processus de surpression”. Là aussi il s’agit d’un mensonge.

Brittany Kaiser a récemment publié des échanges entre Facebook et Cambridge Analytica. L’entreprise de Mark Zuckerberg aurait seulement demandé à Cambridge Analytica de “fournir une confirmation de la suppression des données”. En réalité, aucun processus de suppression n’a été mis en place. Ce n’est qu’en janvier 2016 que Facebook a reçu la certification signée par le PDG de Cambridge Analytica, Alexander Nix, que les données avaient été supprimées.

Les représentants de Facebook ont en effet témoigné sous serment et affirmé qu’ils avaient obtenu une certification de la suppression des données de la part de Cambridge Analytica. Malheureusement pour le réseau social, ce témoignage a eu lieu 16 mois avant qu’ils ne reçoivent la déclaration officielle de Nix… L’élection américaine s’est déroulée pendant ces 16 mois, ce qui a permis à Facebook d’engranger des millions de dollars liés à la publicité politique.

Un scandale qui ne s’arrête pas aux États-Unis
Pour bien comprendre ce scandale, il faut tout d’abord revenir quelques années en arrière. Nous voici donc en 2014 à l’université de Cambridge. Des chercheurs du Centre psychométrique de l’université ont développé une technique pour comprendre le profil psychologique d’une personne seulement grâce à son activité sur Facebook, notamment en fonction de ce qu’il “like”. Cambridge Analytica, s’intéresse à ces travaux et les approche pour travailler avec eux. Le centre refuse… à l’exception d’un professeur en psychologie de l’université, le russo-américain Dr Aleksandr Kogan. La machine était lancée.

Les documents révélés par Brittany Kaiser montrent que cette affaire prend une dimension internationale. En effet, on perçoit mieux l’infrastructure mondiale d’une entreprise qui aura consacré toute son énergie à manipuler des électeurs à une “échelle industrielle”. Les conséquences du scandale Cambridge Analytica telles que nous les connaissons pourraient donc être bien pires. Kaiser a commencé à publier de premières révélations le 2 janvier. Parmi les nombreux tweets, nous retrouvons des liens vers des documents sur les élections en Malaisie, au Kenya ou au Brésil.