Techlash : et si le retour de bâton de la « tech » était l’occasion de formuler un projet de société en matière technologique ?

Le « Techlash » n’épargne plus aucune entreprise technologique aux Etats-Unis. Forgée par The Economist, la formule désigne le « retour de bâton » qui vise les géants du numérique dont les déboires sont désormais quotidiens. Scandales à répétition, revendications de la part des salariés, mouvements citoyens et de consommateurs, fronde des Etats : le monde de la « tech » est attaqué sur tous les fronts mais poursuit son irrésistible ascension financière. Pris un à un, les retentissements du techlash font le buzz, mais ce qui couve est plus profond et appelle à une meilleure prise en compte des aspirations de la société dans les modes de conception des technologies.

Un article repris sur Usbek & Rica.

Généralités

Il y a quelques années encore, l’évasion fiscale était la seule petite tâche au tableau idyllique de la Silicon Valley : un modèle de développement exemplaire capable d’envoyer des étoiles dans les yeux des business men du monde entier. Puis il y eut les affaires : fuites de données personnelles, fake news, petits et gros scandales managériaux, abus de position dominante. A l’intérieur comme à l’extérieur, on déchante : Google, Amazon, Facebook et Apple ne sont pas juste des entreprises du numérique mais de vastes projets politiques. Depuis cinq, six, voire sept ans, les GAFAS sont sous le feu de nombreuses critiques, et ce n’est pas juste une question d’argent.

Un tour d’horizon complet serait plutôt fastidieux, optons pour le survol. Si l’on devait commencer quelque part, ce serait probablement en 2013, quand des habitants de la baie de San Francisco décident de caillasser les navettes des salariés d’Apple et de Google, accusés de contribuer à la gentrification du lieu et d’utiliser les arrêts de bus sans contrepartie financière. Les loyers explosent, les inégalités aussi. Sur les panneaux des activistes on peut lire « Get the fuck out of Oakland ». Il faudra encore quelques années supplémentaires et le travail de la photographe Mary Beth Meehanpour que l’on mette des visages sur ces gens qui, pas si loin du CES de Las Vegas, vivent dans des caravanes.

Puis viennent les scandales auxquels nous sommes désormais habitués, pêle-mêle : l’affaire Snowden, le feuilleton de la NSA, puis les déconvenues de Facebook qui se fait prendre tous les quatre matins la main dans le pot de confiture (Cambridge Analytica, les fuites de données incessantes et plus récemment, les conditions de travail des modérateurs). On connaît la suite, Mark Zuckerberg est « invité » à venir s’expliquer devant le Congrès américain, puis devant d’autres parlements ailleurs dans le monde. Il s’excuse, encore et encore, quatorze ans d’excuses qu’on ne compte plus non plus (enfin, en fait si). Il y a deux ans, le Golden boy s’imaginait bien à la maison blanche, et il n’était pas le seul. En 2019, on célèbre sur Twitter la « journée sans Facebook », un autre délire. Mark Zuckerberg a récemment annoncé un recentrage de Facebook autour des conversations privées – affaire à suivre donc. Il va sans dire que le géant de Palo Alto n’est pas la seule passoire à données personnelles (c’est aussi le cas de Linkedin, Snapchat, Tik Tok – attention, c’est Chinois). Si avec tout cela, un de vos mots de passe n’est pas dans la nature, c’est que vous habitez dans une grotte.


pourquoi c’est souvent écrit GAFA sans le M de M$ et là c’est carrément terminé par un S, est-ce un pluriel ?